Nous mobilisons les élèves pour réparer notre système éducatif défaillant
La corruption dans le domaine de l’éducation a un impact significatif sur la capacité des jeunes à accéder aux opportunités futures et à contribuer à leurs communautés. Le fait de devoir payer l’école alors qu’elle devrait être gratuite, l’absentéisme des enseignants et le manque de ressources pour rendre les établissements d’enseignement plus inclusifs sont des exemples de la façon dont la corruption empêche l’accès à l’éducation que les jeunes devraient recevoir et érode la qualité de celle-ci. Même si le budget de l’éducation en RDC est passé de 6,5 % à 20 % au cours de l’année écoulée, les élèves, les parents et les communautés n’ont pas les informations et les capacités nécessaires pour tenir les écoles et les enseignants responsables des services fournis.
Les filles souffrent le plus, les principaux obstacles étant les installations scolaires qui ne sont pas adaptées aux filles, la discrimination fondée sur le sexe à l’école, la violence sexuelle (comme le sexe pour les notes), le fardeau des tâches domestiques, le mariage précoce ainsi que le manque d’accès aux produits de santé menstruelle (Ackerman, 2015, ODI, 2020). Les parents sont plus susceptibles de retirer les filles de l’école que les garçons (Ihebuzor, 2014).
Une partie de la solution à ces problèmes consiste à impliquer les élèves dans la surveillance.
Depuis 2017, CERC introduit dans le secteur de l’éducation, une approche de surveillance dirigé par les élèves. En bouclant la boucle entre les élèves et les responsables scolaires, CERC encourage la transparence et la coopération dans la livraison des services éducatifs.
Pour prouver sa théorie du changement dans la pratique, CERC créé des Clubs d’Intégrité dans les écoles secondaires, des clubs dans lesquels les élèves âgés de 14 à 19 ans apprennent l’intégrité et surveillent les projets et les services au sein de leurs communautés, y compris leurs propres écoles. Les élèves moniteurs utilisent l’outil technologique EduCheck pour signaler les problèmes.
CERC travaille par l’intermédiaire des écoles locales, qui engagent activement les élèves, les enseignants, les parents, les ONG locales et les membres de la communauté pour découvrir ce qui préoccupe le plus les élèves et où les services et les infrastructures éducatifs peuvent être améliorés. Les élèves sont ensuite formés en tant que moniteurs communautaires qui recueillent des preuves et forment des Clusters de l’Education — des forums composés des autorités du secteur public, d’entrepreneurs, d’enseignants et de citoyens. Ces équipes identifient des solutions pour promouvoir l’intégrité dans la gestion, l’allocation et la livraison des ressources publiques telles que les services et les infrastructures d’enseignement. Sans investir directement d’argent directement dans les briques et le mortier, CERC aide les élèves à construire des écoles, à avoir accès à de l’eau potable et à recevoir une éducation de qualité.
« Lorsque les jeunes sont en mesure d’accéder à une éducation de qualité et de contribuer activement à leurs communautés, le développement peut devenir plus inclusif et durable. » Heri Bitamala
Les clubs d’intégrité : comment ils fonctionnent
Éducation à l’intégrité
L’intégrité est enseignée dans les écoles par des enseignants formés par CERC ; ils veillent à ce que les élèves comprennent comment fonctionne la corruption et comment agir avec intégrité peut surmonter les défis liés à la corruption.
Réunions, forums et réseaux
Les réunions régulières du Club (CI) permettent aux étudiants d’approfondir leur expérience de la corruption et de participer à des activités visant à leur faire reconnaître la corruption comme un problème mondial. Les forums et réseaux entre les CI et CERC encouragent la collaboration de groupe.
Formation en matière de surveillance
Une fois que les élèves sont formés sur l’intégrité, ils sont en mesure de déterminer quand la corruption constitue un défi pour la réalisation de projets et de services dans leurs communautés ou écoles. La surveillance nécessite une formation sur la façon d’accéder aux informations, comment interagir avec les parties prenantes et comment utiliser l’outil technologique DevelopmentCheck pour résoudre les problèmes.
Points saillants :
- Enseigner aux jeunes les avantages d’agir avec intégrité et les compétences nécessaires pour le pratiquer et l’exiger dans des situations réelles leur donne la confiance nécessaire pour toujours choisir l’intégrité plutôt que la corruption tout au long de leur vie.
- Entre 2017 et 2020, nous avons formé 810 élèves dans 54 clubs d’intégrité à travers le Sud-Kivu;
- Les élèves ont utilisé DevelopmentCheck pour surveiller les services éducatifs dans 54 écoles secondaires, atteignant un taux de résolution moyen de 32 % des cas où la corruption avait causé des problèmes dans leur prestation.
- Les élèves (âgés de 14 à 19 ans) se sont révélés être des agents de changement extrêmement positifs, se montrant motivés à améliorer les services et les projets qui sont fournis à leurs communautés.
- Les jeunes ont les moyens de continuer à participer à la société civile tout au long de leur vie.
- Les fournisseurs de projets et de services s’attendent à être surveillés par les élèves, les incitant à agir avec intégrité et à améliorer la qualité des services qu’ils livrent.
- Même dans les contextes où le statut des filles est faible, plus de 40 % des moniteurs que nous avons formés sont des filles.
- Grâce à la surveillance, les élèves et les parents peuvent désormais obtenir des informations sur les principaux paramètres des écoles (disponibilité de l’eau, de la bibliothèque, taille des classes, adéquation des toilettes, nombre d’élèves dans une classe, qualification du personnel enseignant, les budgets et les dépenses de l’école,…).